Ca lui fait du bien de retrouver ce blog. C'est une des choses qu'il préfère. Se raconter. Trouver les mots, trouver les images, pour partager son ardeur de vivre, pour formuler ses états d'être, sachant que ces "états d'âme" et petites aventures choisies ont quelque chose de vain et de futile dans un monde qui brûle, mais continuant tout de même, parce que, finalement, il ne sait faire que cela...
Là, sur cette image, c'est lui, bien sûr. C'est une de ses photos préférées parmi toutes celles ramenées de ses cheminements vers Saint-Jacques. La route, les fleurs, la vieille ferme, les sillons du labour, la promesse de la moisson, l'arbre, et là-bas, au fond, l'horizon blanc des Pyrénées, comme un décor de théâtre.
C'est lui. De dos. Comme il aime se faire photographier sur. les chemins. C'est Dorian, un jeune et joyeux compagnon pendant quelques étapes, qui l'a "immortalisé". Le mot, si courant pourtant, peut sembler excessif : une image ne suffira pas à "éviter la mort". Ca se saurait.
Pourtant... c'est bien de cela qu'il s'agit si l'on fouille un peu dans les profondeurs de sa motivation à "faire image". Le temps figé de la photo fixe c'est toujours ce fameux "ça a été" qui lui permet de se rassurer sur sa capacité à "rester en mouvement". Tant qu'il marche, tant qu'il court, tant qu'il chemine, il est vivant...
Ce cheminement, réalité de sa vie et symbole obsessionnel, il ne concerne pas que le corps. L'esprit, l'intellect, ont toujours été aussi des moyens de rester en marche. De cela aussi il voulait témoigner. Alors il a conçu un nouveau petit livre pour partager, après les deux longues expériences du Camino, le résultat de sa quête, ses trouvailles de chercheur en humanité, son rapport à la spiritualité un peu modifié par le long chemin pèlerin.
Il ferait ça à sa façon, avec ses moyens. Pas de grands discours. Pas d'essai analytique. Des bribes de philosophie. Des pensées minimalistes. Des formes brèves. Et la couverture serait toute bleue...