Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Inguérissable...

Diogène était déjà renvoyé à plus tard... Mister P., malgré toute sa (bonne) volonté, n'arrivait pas à concrétiser ce changement de vie. Entre deux séjours dans l'une ou l'autre des "cabanes à caresses" qui le réconfortaient provisoirement à chaque fois, il s'interrogeait, toujours avec la même intensité, sur la décennie qui l'attendait, parfois avec enthousiasme, parfois avec amertume. Que lui restait-il, après s'être plusieurs fois "envoyé en l'air", après avoir accompli encore quelques uns des projets dont il rêvait ? Ses belles résolutions volaient souvent en éclats et même s'il se souvenait du vers d'Aragon "Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure", il ne pouvait se satisfaire de cette manière de rester en rade, de rester au port, quand tant "d'ailleurs", encore, l'appelaient.

Le moment présent était doux pourtant. Il savait le prix de l'affection qui l'entourait, il jouissait quand il le pouvait des simples et incomparables joies de la tribu. Il attrapait des instants de vie dans sa micro-poésie dont il avait repris l'habitude au cours de cette dernière année. Mais le moindre accroc à sa fragile sérénité lui devenait de plus en plus intolérable. L'apaisement n'était toujours que très éphémère. Etait-il inguérissable ? De fait, il l'était. Il fallait donc qu'il vive avec sa maladie comme il devait vivre aussi avec ce qu'il était. C'était peut-être une révélation. 

En attendant de pouvoir agir il se recentrait sur ce qu'il savait faire : écrire, encore... et c'est à cette période qu'il entama la rédaction de textes dont il voulut, très vite, imaginer qu'il en ferait un spectacle, une lecture, qu'il les partagerait en les faisant passer par sa propre voix, son propre corps, sa propre voie...

Le titre de ce futur projet lui parut assez vite évident. Cela s 'appellerait : "La vie merveilleuse de Mister P. ou Chroniques de la vie d'après". Mister P. décida aussi de signer ces textes "Ive", bel anagramme phonétique de son prénom d'avant, qui disait la "vie", et auquel bien sûr il ne renonçait pas comme il ne renonçait pas non plus à elle...

Et comme par magie, comme à chaque fois, une fois projetés, les textes commencèrent à s'écrire presque tout seuls. Ce fut vraiment un beau moment d'écriture, cette écriture qui, décidément, ne le lâchait pas, cette écriture dont, de toute évidence, il ne pouvait pas non plus guérir...

Écrire un commentaire

Optionnel