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  • Son chemin

     
     
    Evidemment, certains jours un peu gris, Mister P. se demandait combien de temps encore il resterait ce marcheur joyeux et infatigable qu'il avait été si souvent. Il surveillait avec inquiétude la belle mécanique de son corps dont il connaissait la fragilité.
    Dans ces moments d'incertitudes, les images de ses cheminements auraient pu lui fendre le coeur comme le font toutes les traces d'un passé chéri. Heureusement, il les retrouvait avec plaisir plutôt que douleur. Il fallait en profiter, sans savoir comment demain il percevrait ce révolu que nous fabriquons à chaque moment.
    Il les regardait avec le sentiment d'un devoir accompli. Il ne s'était pourtant jamais senti l'obligé de quiconque ni de quelque morale impérative. Ce devoir là s'était accompli sans effort, sans mérite. Au nom du privilège que le hasard et la nécessité cosmiques lui avaient offert. Très simplement. C'était le devoir de vivre.
    Oui, certains jours un peu gris, il suffisait à Mister P. de se souvenir que le ciel avait été bleu par-dessus ses pas, et que rien ne l'avait empêché d'aller voir là-bas, un peu plus loin, juste un peu plus loin, au bout d'une route qui n'avait pas de bout, d'aller voir et de ne rien trouver, de ne rien trouver mais d'avoir marché. Peu de chose, en somme. Il avait fallu seulement mettre un pied devant l'autre. Il l'avait fait. Une infime trouée dans l'espace infini. Presque rien. Pas un grand destin. Son chemin.