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  • Testament (suite)

    Mister P. aimait tellement la vie qu'il ne voulait pas rater sa mort. Il savait bien que c'était présompteux mais ne pouvait s'empêcher de vouloir, même à ce moment, faire oeuvre. C'est pour cela, par exemple, qu'il avait déjà prévu les poèmes qu'il voulait qu'on lise quand il partirait sans retour. Il avait la chance de pouvoir y penser sans souffrance, sans peur, sans tristesse. Rien ne pressait. Tout allait bien. Ou presque. Il ne fallait pas louper cette occasion que la vie lui offrait, et il se réjouissait par avance du cadeau que seraient ces textes de Jules Supervielle, Violetta Parra, Boris Vian, et Anna de Noailles... Il faisait confiance à ses amis poètes et à ses amours proches pour accompagner ce petit rite, ultime partage de ces quelques mots qui eux resteront toujours vivants.

  • Le cri

    Ce matin-là, devant sa glace, en ce premier jour de l'automne, Mister P., torse nu, bras écartés et poings serrés, a poussé un cri rauque, un peu bestial, sans préméditation, sans raison particulière... et il a immédiatement pensé au "cri" de Walt Whitman  et  à cette fameuse scène du "Cercle des poètes disparus". Oui, c'était bien ça : "Je hurle mon cri barbare sur tous les toits du monde : YAWP !". Mister P. avait, à son tour, poussé ce cri libérateur, un peu sauvage, un peu fou, et il se demandait si ce n'était que de la poésie...

  • Testament

    Dans son petit carnet,  avait déjà tout prévu :

    Quand sera fini le temps de mon aventure terrestre, je veux qu'on réduise mon corps en cendres et qu'on jette un peu de cette poussière dans le vide, au grand air, à tous les vents, en haut de la montagne Sainte-Victoire, au bout du Cap Morgiou, au sommet du Mont Lozère... Ainsi mes amis pourront dire : "Même après sa mort, il nous fait encore chier !"

  • Nuance

    " Je n'ai pas la tremblotte, j'ai la bougeotte." Mister P.

     

  • Bibliothèque

    Mister P. se demandait si quand il allait mourir on dirait : c'est une bibliothèque qui brûle.

    Ça lui ferait plaisir. A titre posthume.

  • Now

    Ce jour-là il avait pris une décision :

    "Rien ne m'inquiète, rien ne m'atteind.

    NOW ! sera mon cri de ralliement."

     

  • Identité

    Parfois, après que ses errances vaguement aventureuses l'eurent distrait de son identité, il se souvenait à nouveau qu'il était Mister P.

    Il s'irritait alors de ne pas donner une dimension plus grande et un sens plus profond à cette neuve liberté que lui offrait, paradoxalement, cette condition nouvelle.