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  • Le bateau ivre

    Mister P. avait le blues. Un bleu sombre. Ce matin là il s’était réveillé en hurlant : « Je veux la paix ! ». Mais aucun cri n’était sorti de sa bouche. Tout se passait à l’intérieur. Tempête sous un crane Ça remuait dans tous les sens, ça tanguait toujours autant. Il avait fait de son corps le vaisseau de ses nouvelles aventures mais son esprit restait un capitaine fantasque. Il n’abandonnait pas le navire mais le laissait dériver parfois, malmené par la houle. Où allait-il ? Où trouverait-il un port, enfin ? En finirait-il avec cette ivresse du grand large et des mers agitées ? Capitaine, oh, capitaine, attrape le gouvernail et retrouve le cap ! Mais où était-il le port aux eaux calmes abrité derrière une digue solide ? Il le cherchait depuis si longtemps… Aucune carte ne le mentionnait. Le secret était bien gardé. Peut-être n’était-ce qu’un mythe ? Une Atlantide ? Peut-être le vieux marin devait-il admettre qu’il serait toujours ballotté par les vagues. Condamné au mal de mer. Sans répit, sans repos.

    Au soir de ce jour à nouveau tempétueux, Mister P., éreinté, au bord des larmes encore, fatigué par une nouvelle grosse vague, avait encore le blues. Un bleu noir.

    Noir comme la nuit derrière la fenêtre près de son lit.

     Au milieu de son insomnie, il tourna les yeux vers cette fenêtre. La lune était là, majestueuse, lumineuse, toute ronde, absolument féminine. Et il se souvint de la toponymie de l’astre nocturne conquis par les hommes : il existait bien, là-haut, un endroit appelé « mer de la tranquillité ».

    Il s’endormit, un peu plus apaisé, en rêvant qu’il pouvait encore décrocher la lune…